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hanté par les ressouvenirs de son enfance pieuse, se décide à s’en aller au pays de la Bible chercher à retrouver les vestiges de sa foi perdue. Par l’Égypte, le golfe d’Akabah et le désert du Pétra il gagne Jérusalem, parcourt la Galilée et par Damas et Brousse au mois de mai termine son pèlerinage au pays des Croisés.

Des trois volumes : Le Désert, Jérusalem, La Galilée, écrits à l’occasion de ce voyage, le premier, Le Désert est un tour de force. Il y a bien peu de choses, en effet dans ce livre : des aspects peu variés de solitudes de sable, des chevauchées monotones que termine chaque soir installation d’un campement primitif, quelques rencontres de nomades farouches. On sent que seule, l’ivresse d’aller à l’aventure, le visage fouetté par un vent vierge, a durant ce long exil occupé le cœur de Loti.

C’est un lieu périlleux que Jérusalem pour qui n’a pas conservé intacte en lui la foi traditionnelle. Bien que Loti n’aborde point avec méfiance le pays sacré des Prophètes, bien qu’il ne se soit point nourri d’exégèse et que les seules citations mentionnées par son journal de voyage soient des versets de l’Ancien Testament, on sent que Jérusalem l’a déçu. Sans doute une émotion passagère l’étreint dans l’ombre de la chapelle du Golgotha, et il se sent tout près de prier comme les humbles pèlerins dont il envie la ferveur, mais il a conscience du peu de solidité de sa foi. Il est écœuré par le spectacle des dissensions des diverses sectes chrétiennes du Saint-Sépulcre entre lesquelles les