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bizarre et la volupté étrange. Et, certes, il n’a point manqué à sa destinée.

… Ils sont divins, les paysages que dessine Pierre Loti en quelques traits mystérieux. Comme cet homme sent la nature ! Comme il la goûte en amoureux, et comme il la comprend avec tristesse !

Il sait voir mille et mille images des arbres et des fleurs, des eaux vives et des nuées. Il connaît les diverses figures que l’univers nous montre, et il sait que ces figures, en apparence innombrables, se réduisent réellement à deux : la figure de l’amour et celle de la mort.

Cette vue simple est d’un poète et d’un philosophe.

La Vie Littéraire, tome Ier (1895).

De M. Jules Lemaître.

… Vous pouvez, si cela vous plaît, juger excessive l’impression que laissent en moi ces romans. J’avoue moi-même que ma conscience de critique en est toute inquiétée. Les plus grands chefs-d’œuvre de la littérature ne m’ont jamais troublé ainsi…

Ces romans ébranlent l’âme à la fois dans ce qu’elle a de plus raffiné et dans ce qu’elle a de plus élémentaire. Ce qu’on a appelé « l’impressionnisme » aboutissant à une poésie purement naturelle, tel est à peu près le cas de l’auteur d’Aziyadé et le Pêcheur d’Islande

Pierre Loti s’est trouvé posséder le don suprême de l’expression. Et, comme il a grandi librement, en dehors de toute école littéraire, il lui a été donné d’avoir