Page:Marillier - La Sensibilité et l’Imagination chez George Sand, 1896.djvu/110

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journée et dorment des nuits pleines dans les huttes de genêt, où flotte une fine odeur de fougère et de baume.

Nanon n’a point conquis dans l’estime des lettres la place très haute où ce livre avait droit : c’est une œuvre de vieillesse, (George Sand avait 68 ans lorsqu’elle l’écrivit), et elle passa inaperçue dans ces années cruelles où la France se cherchait elle-même et ne se trouvait point. Il n’est aucun des livres de George Sand qui communique cette même impression de mystère majestueux et charmant. Ce sont d’incomparables pages que celles où elle raconte la vie que menaient dans la rude maison de pierre brute, hantée des génies et des fées, les deux enfants en fuite devant les colères de cette République, qu’ils vénèrent cependant comme l’âme vivante de la France. Ils passent leurs journées sous l’ombre verte des châtaigniers qui ont poussé aux fentes du granit, à se dire sans