Page:Marillier - La Sensibilité et l’Imagination chez George Sand, 1896.djvu/118

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vie frêle encore et toute frémissante d’inquiète et ardente tendresse. Caroline de Saint-Geneix s’enfuit jusqu’au fond des montagnes pour éviter à la marquise de Villemer les pleurs que lui coûterait une mésalliance de son fils. Mme de Flamerande, enfin, sacrifie au bonheur d’une amie l’amour dont elle vivait depuis l’aube de sa jeunesse dans l’intimité de son cœur. Toutes, elles ne trouvent que dans l’effroi de la souffrance des autres la force de faire souffrir celui qu’elles aiment en se refusant à lui.

Il faut ajouter que George Sand était inclinée à se représenter l’amour comme une passion qui s’impose à nous du dehors sans que nous nous puissions soustraire à sa tyrannique et violente domination. Les amants ne seraient alors que les victimes d’une loi fatale qu’ils peuvent aimer ou haïr, mais dont l’inexorable puissance les plie à son gré, en dépit de leurs résistances vaines. Cette tragique conception de