Page:Marillier - La Sensibilité et l’Imagination chez George Sand, 1896.djvu/122

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aime, souffre et travaille, la même foi naïve dans la justice immanente des choses. Comment au reste son talent aurait-il pu subir une évolution régulière ? Il n’était que l’expression d’une imagination capricieuse et libre, que sa souplesse même et sa mobilité soustrayaient aux profondes et lentes transformations.

Mais, si elle a toujours vu le monde, le monde où grandissent les arbres, où rayonne la lumière du soleil divin, avec ses yeux à elle, si c’est avec son cœur à elle qu’elle a toujours senti, elle a pensé jusqu’à la fin presque de sa longue carrière avec l’intelligence des autres. C’est de là que proviennent toutes ces contradictions, ces hésitations, ces incohérences dont son œuvre est semée.

La nature même de son génie faisait qu’elle ne devait point avoir de disciples. Que peut-on emprunter en effet à un écrivain ? Ses procédés voulus de composition, d’analyse, de des-