Page:Marillier - La Sensibilité et l’Imagination chez George Sand, 1896.djvu/71

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apparaissait plus belle, plus brillante encore que l’histoire véritable, et par là-même plus vraie.

C’est alors que se créa dans son esprit le mystérieux personnage de Corambé, ce dieu doux et tendre, gracieux comme une femme au noble corps, qui revêtait en ses rêveries de si multiples apparences ; elle en vint à lui rendre un véritable culte sur un autel rustique, fait de mousse et de coquillages. Corambé fut le héros d’un interminable poème que George Sand n’écrivit jamais et auquel s’ajoutèrent interminablement des chants nouveaux, que sans cesse elle se récitait à elle-même tout bas, jusqu’au moment où elle entreprit de travailler à des œuvres moins éloignées des événements de ce monde où nous vivons. Du jour où elle eut composé son premier roman, Corambé s’envola pour ne plus revenir. Les images fortes et précises avaient chassé devant elles les images indécises