Page:Marillier - La Sensibilité et l’Imagination chez George Sand, 1896.djvu/79

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qu’elle a situées en ce pays mélancolique et souriant où se sont écoulées ses premières années. Pour que son œuvre ait toute sa valeur, il faut qu’elle soit involontaire à demi, que son âme soit devenue les choses qu’elle contemple, à tel point que ce soient ces choses qui s’expriment spontanément dans son livre, sans qu’elle ait presque à intervenir. Une ville a mis ainsi en George Sand une âme nouvelle, sœur de son âme du Berry : c’est une ville de mystère et de rêve, Venise. Le chant des matelots des lagunes chante en son cœur, intime et pénétrant, comme le chant sacré des laboureurs qui excitent au travail les grands bœufs sous le ciel doré des soirs.

Il se produisait d’ordinaire chez George Sand une sorte de dédoublement, tandis qu’elle observait un paysage : « Je prends des notes intérieures d’une fidélité scrupuleuse et je sais que sur ce point ma mémoire ne me trompera pas.