Page:Marin - Vies choisies des Pères des déserts d'Orient, 1861.djvu/214

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de quitter secrètement la ville et de retourner dans sa chère solitude du Pont, où saint Grégoire le suivit, et où il continua de gouverner les monastères qu’il y avait établis. Le peuple de Césarée, voyant qu’il ne paraissait plus, lui témoigna par lettre ou par quelque autre voie le regret qu’il avait de son absence, lui représentant, pour l’engager à y revenir, que Césarée était sa patrie qui le chérissait uniquement. Mais il les pria avec beaucoup de modestie, en leur rendant raison de sa retraite, de lui accorder encore un peu de temps pour jouir des délices qu’il trouvait en la compagnie des saints, c’est-à-dire saint Grégoire et les religieux de ses monastères ; et il leur témoigna l’amour et le zèle qu’il avait pour eux, en leur recommandant de se donner de garde que les ariens, qu’il appelle les Philistins, ne troublassent la pureté de leur foi par leurs blasphèmes, dont il fait un abrégé, et par leurs calomnies, qu’il réfute.

Nous ne savons rien de particulier de ses occupations dans cette seconde retraite. On croit qu’il y travailla avec saint Grégoire aux deux discours que celui-ci publia vers ce temps-là contre Julien. Mais il n’y a pas d’apparence qu’il soit demeuré longtemps auprès de saint Basile, à cause du besoin que son père avait de lui pour l’aider dans le gouvernement de son diocèse. Eusèbe lui faisait de grands honneurs et le conviait à venir aux assemblées ; mais Grégoire lui témoigna, par une lettre, qu’il lui en était obligé, et qu’il était contraint de lui dire, avec la liberté dont il faisait profession et dont un amateur de la vérité comme Eusèbe ne devait pas s’offenser, que l’injure qu’il avait faite et qu’il continuait de faire à Basile le touchait très-sensiblement ; que l’ayant choisi pour compagnon, honorer l’un et maltraiter l’autre, c’était caresser une personne d’une main et de l’autre lui donner un soufflet ; qu’il le conjure donc de remédier au tort qu’il