Page:Marin - Vies choisies des Pères des déserts d'Orient, 1861.djvu/228

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vaient partout, et s’efforçaient partout d’insinuer leur venin.

Le saint redressa là-dessus les fidèles en leur recommandant de ne pas s’entretenir sur les disputes de la religion, et en leur montrant qu’il n’appartient pas à tout le monde de parler de ces choses, et qu’on ne devait pas le faire en tous les temps, en tous les lieux, ni devant toutes sortes de personnes, ni s’efforcer de pénétrer ce qui est au-dessus de notre portée ; et là-dessus il donne cette belle maxime : « Il y a, dit-il, des occasions où l’on peut écouter ; il y en a où l’on peut parler ; mais il y en a où la crainte doit nous tenir en suspens et nous empêcher également de parler et d’entendre. Il est vrai qu’il y a bien moins de danger à écouter qu’à parler ; mais aussi il est bien moins sûr d’écouter que de se retirer tout à fait. » C’était là un excellent préservatif qu’il donnait contre les entretiens avec les hérétiques ; mais, de peur qu’on ne pensât qu’il parlait ainsi comme s’il n’eût pas été capable de défendre les vérités de la foi qu’il voulait qu’on crût, il fit quatre discours excellents où il expliqua à fond la doctrine de l’Église sur la Trinité, et où il ruina absolument tous les faux raisonnements des hérétiques. Ce sont ces oraisons qui lui ont acquis le surnom de Théologien.

Le principal sujet de ses prédications était la défense de la foi et la réfutation des hérétiques. L’état de la ville l’exigeait ; mais il ne s’y arrêta pas tellement qu’il négligeât de former les mœurs de ses auditeurs. Il leur donnait pour règle que la véritable piété ne consistait pas à parler sans cesse et sans discernement des choses de la religion, mais à observer les commandements de Dieu, à donner l’aumône, à exercer l’hospitalité, visiter les malades, prier, pleurer ses péchés, mortifier les sens,