Page:Marin - Vies choisies des Pères des déserts d'Orient, 1861.djvu/230

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ostentation, ni vanité, et qu’on le voyait, au contraire, modeste, humble, retiré en son particulier, et comme solitaire au milieu des hommes, menant la vie d’un philosophe, mais d’un philosophe vraiment chrétien. Aussi l’exemple d’une si éminente piété, joint à la force de son éloquence, réduisit les hérétiques au silence, et fit des effets merveilleux en faveur de la foi : ce qui était d’autant plus intéressant pour la religion, que Constantinople était regardée comme le lien qui unissait l’Orient avec l’Occident, et comme la source d’où la foi se répandait de tous les côtés.

Il ne faut pourtant pas croire que ces heureux succès fussent les suites des applaudissements qu’il recevait. Ils furent les fruits de sa patience et de ses travaux, et Dieu voulut qu’ils couronnassent les persécutions qu’il eut à souffrir de la part des hérétiques. En effet, à peine avait-il paru dans la ville, que toutes les sectes qui la divisaient se réunirent pour le combattre. Ils le déchirèrent par des discours et des diffamations publiques ; et, après l’avoir attaqué personnellement par la calomnie, ils exercèrent comme des loups leur rage sur son troupeau. Le fanatisme arma même des moines apostats, des femmes sans pudeur, des vierges folles et des gueux que leur fureur rendait indignes de compassion. Toutes ces troupes vinrent droit à l’Anastasie, au temps que l’on célébrait le baptême, ce qui pouvait être la nuit de Pâques, qui en l’an 379 était le 21 avril, et, pénétrant jusque dans l’enceinte du chœur, ils profanèrent l’autel par leurs sacriléges, renversèrent les mystères, et portèrent sur la chaire leur idole, c’est-à-dire apparemment leur évêque Démophile. À ces excès succédèrent le vin, les danses et des œuvres de ténèbres qu’on n’oserait nommer. On en voulait principalement au saint et aux ministres de l’Église.