Page:Marin - Vies choisies des Pères des déserts d'Orient, 1861.djvu/49

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Le moyen qu’il donne pour y réussir est de veiller soigneusement à la garde de l’esprit et du cœur, pour empêcher que nul vain désir, nulle volonté déréglée n’y jettent leurs funestes racines ; car, outre que de là naît une foule de distractions qui préoccupent l’âme au temps de la prière, captivent l’esprit, rendent l’imagination errante et vagabonde sur mille objets inutiles ou pernicieux, ces affections dépravées ouvrent par le péché la porte de l’âme au démon, et l’y établissent comme dans la maison qui lui appartient.

Quant au second chef, c’est-à-dire quant à ce que le solitaire doit s’efforcer d’acquérir, c’est la pureté de cœur ; et il veut qu’il y tende par tous ses combats contre les passions et les vices, par tous ses efforts à purifier son âme des affections déréglées, par tous les exercices spirituels qu’il pratique dans son état. Il assure que cette pureté de cœur le disposera merveilleusement à la contemplation et aux grâces les plus signalées. Ce qu’il dit à ce sujet mérite d’être rapporte en entier, parce qu’il renferme en peu de mots, et d’une manière toute simple, ce que les maîtres de la vie spirituelle des siècles postérieurs ont dit plus en détail et avec plus d’étendue, de l’oraison éminente et du sacré commerce de l’âme avec Dieu et avec les esprits bienheureux.

« Si donc, dit-il, nous nous présentons devant Dieu avec une conscience pure et exempte de ces défauts et de ces passions dont j’ai déjà parlé, nous pourrons voir Dieu autant qu’il peut être vu en cette vie, et élever vers lui, dans nos prières, l’œil de notre entendement, pour contempler, non du corps et avec des regards sensibles, mais avec les yeux de l’esprit et par une connaissance intellectuelle, celui qui est invisible ; car que nul ne se persuade de pouvoir contempler sa divine essence telle qu’elle est