Page:Marin - Vies choisies des Pères des déserts d'Orient, 1861.djvu/67

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jours ; mais, bien que son corps fût entièrement abattu par l’ardeur brûlante de la fièvre qui le consumait, il montrait tant de gaieté, que l’on pouvait aisément juger par là de la paix et de la pureté de son âme.

Deux jours avant sa mort, il fit appeler les supérieurs et les principaux de tous les monastères, et leur adressa ses dernières exhortations en les engageant à lui choisir un successeur ; mais ils s’en remirent tous au jugement du saint, qui leur dit que, puisqu’ils voulaient s’en rapporter à lui, il estimait que Pétrone était celui qui convenait le mieux, si toutefois il n’était pas mort ; car on avait appris qu’il avait le mal contagieux au monastère de Tismen, situé près de la ville de Panes. Tous acquiescèrent de bon cœur à ce choix, persuadés qu’ils ne pouvaient se tromper en suivant l’avis de leur bienheureux père.

Il signala encore les derniers moments de sa vie par un acte de vertu qui montrait que son amour pour la mortification et l’observance régulière ne se ralentit jamais en lui jusqu’au trépas. Comme son corps était absolument épuisé de forces, il se trouvait accablé sous le poids de la couverture dont il avait usé jusqu’alors, et pria par charité un des frères qui étaient auprès de lui d’en aller chercher une plus légère. Celui-ci courut aussitôt à l’économe, qui lui en remit une des plus propres et des plus commodes ; mais quand le saint la vit si différente de la première, il n’en voulut point, disant qu’il n’était pas juste qu’il eût rien de plus ni de meilleur que les autres frères.

Enfin, après avoir recommandé par trois fois à son cher disciple Théodore, qu’il prévoyait devoir gouverner l’ordre par la suite, de n’abandonner jamais le soin de ceux d’entre les frères qu’il verrait trop négligents, mais de les exhorter et de les encourager