Page:Marin - Vies choisies des Pères des déserts d'Orient, 1861.djvu/84

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lui avaient rien dit. « Ils ne m’ont pas dit un mot, lui répondit-il. — Retournez-y demain, répliqua le saint, et donnez-leur des bénédictions et des louanges ; » à quoi il obéit, les appelant des apôtres, des saints, des hommes justes. Il revint ensuite voir le saint, et lui dit que les morts lui avaient aussi peu répondu que la première fois. « Prenez exemple sur eux, lui dit le saint vieillard ; considérez qu’ils n’ont été touchés ni de vos injures ni de vos louanges, et tâchez de mourir comme eux, en sorte que, quelque mauvais traitement qu’on vous fasse, vous ne vous irritiez jamais, et quelque marque d’estime ou quelque louange qu’on vous donne, vous ne vous enfliez pas de vanité ; c’est ainsi que vous pourrez vous sanctifier. »

Il recommandait que, quand on était obligé de corriger les autres, on ne se laissât pas emporter à la colère. « Si, en voulant reprendre votre frère, disait-il, vous vous mettez vous-même en colère, vous ne faites que satisfaire votre passion, au lieu d’exercer la charité. Et convient-il de vous perdre en sauvant les autres ? »

Paphnuce, son disciple, lui ayant demandé un jour quelque instruction, il lui répondit : « Ne faites tort à personne, ne jugez personne : observez bien cette règle, et vous serez sauvé. »

Nous avons aussi de lui une belle réponse qu’il fit, avec saint Macaire d’Alexandrie, à des officiers sur la vanité des grandeurs de ce monde. Allant un jour avec saint Macaire d’Alexandrie visiter un solitaire, ils montèrent pour cela dans un grand bateau qui servait à passer le Nil, et s’y rencontrèrent avec deux officiers de grande considération, et qui avaient un riche et nombreux équipage. Ces personnages, voyant au bout du bateau les deux saints couchés par terre, pauvrement vêtus et préparés à toute sorte