Page:Marin - Vies choisies des Pères des déserts d'Orient, 1861.djvu/87

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rappeler son souvenir sans se sentir animé du désir de les pratiquer.

Saint Arsène était Romain, d’une famille distinguée également par sa noblesse et son opulence. On lui donna une éducation conforme à la grandeur de sa naissance, et nous pouvons ajouter qu’il la surpassa par les excellentes dispositions de son esprit et par son application à le cultiver ; ce qui le rendit un des plus savants hommes d’Italie, tant dans la langue grecque et la langue latine que dans les autres sciences.

Sa réputation vola jusqu’à l’empereur Théodose le Grand, qui, voulant pourvoir à l’éducation de ses enfants, l’appela à Constantinople pour lui en confier la conduite. Le choix d’un si grand prince ne pouvait tomber que sur un des plus grands personnages de l’empire, ce qui n’est pas un médiocre sujet d’éloge pour saint Arsène ; mais il en était si digne, que, si ce choix lui fit honneur, il n’en fut pas moins un juste discernement de Théodose.

Son arrivée à la cour impériale peut avoir été vers l’an 383. Il avait vingt-neuf ans ; de sorte qu’il peut être né vers l’an 354. Arcade, premier fils de l’empereur, n’avait que six ans lorsqu’il y vint, et Honorius, son frère, n’était pas encore né. Il ne vint au monde que l’an d’après, et ce ne fut qu’à sa huitième année qu’Arsène fut chargé de sa conduite, ayant auparavant celle d’Arcade.

Arsène, soit pour soutenir sa dignité, soit qu’il aimât naturellement le faste, faisait à la cour une figure brillante ; il était le plus richement vêtu et le plus superbement meublé. Il faisait grand usage de parfums, et avait à son service mille domestiques tous habillés de riches étoffes.

Dieu, qui l’appelait dans sa miséricorde à des grandeurs plus solides, ne permit pas que celles de la