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Page:Marinetti - La Ville charnelle, 1908.djvu/151

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LES COURTISANES D’OR

Je le sais, vos grands yeux abreuvés de lumière
ont surveillé mes reins d’adolescent !…
Depuis toujours, vos longs regards plongeurs
ont pénétré mes moelles chauffées d’alcool
et de printemps !… Vous guettiez au passage
la luxure ancestrale et le vertige du Néant
au fond des os !…

C’est ainsi que les pêcheurs
guettent sournoisement les jeux de la marée
du haut de leurs bateaux qui tanguent
dans la houle moirée d’œillades convulsives.
Et vos langues dardées, Courtisanes maudites,
pourquoi donc les traîner ainsi sur ma chair lasse ?…
Voulez-vous exciter les remords somnolents
et le Désir atroce en marche au creux des nerfs
et les levains exaspérés de l’Idéal ?…
Étoiles soûles d’orgueil et de carnage,
c’est pour cela que vous avez donné le feu