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Page:Marinetti - La Ville charnelle, 1908.djvu/45

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LA VILLE CHARNELLE

ô routes encombrées par le pesant roulis
des chariots et des buffles,
la danse guillerette des poulains harnachés,
et le sinistre va-et-vient
des chiens galeux et des mendiants tragiques !

Je vous vois de très haut et je crache sur vous,
ô riches caravanes qui passez sous mes pieds,
sur le drelin-drelin des chameaux navigants
qui ont l’air de laisser nager sur votre houle
leurs têtes ruminantes de vieilles rancunières,
leur voix d’eau qui gargouille et leur cri de poulie,
parmi les claquements de voile au vent que font
les grands burnous gonflés des chameliers !