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Page:Marinetti - La Ville charnelle, 1908.djvu/49

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LA VILLE CHARNELLE

des entrechocs de flots et des chants de rameurs.

C’étaient des voix dolentes, tressées et fondues,
qui s’appuyaient de lassitude monotone
sur les saccades et la cadence
des avirons.
La tristesse des voix écorchées de sanglots
épuisait lentement
la cruauté des grands vitraux dominateurs,
qui se prirent à pleurer des larmes argentées.
Et ce furent les premières étoiles de la nuit !…

Frôleurs et sursautants les avirons plongeaient
de vague en vague, avec des glissements
de reptiles irrités dans l’écume mousseuse.

Ô Ville de luxure, que berce l’amusant
cliquetis de ta robe embellie de saphirs,
rien n’égale à mes yeux