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Page:Marinetti - La Ville charnelle, 1908.djvu/63

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LA VILLE CHARNELLE

des plantes et des bêtes, des vagues et des hommes,
exaltés par l’espoir de conquérir les nues,
et ta phosphorescente haleine d’algues mortes,
pourrit tous nos désirs et corrompt notre sang !
Ô Ville énorme au front d’ivoire, vitré de diamants,
ô Ville chevelue de jardins suspendus
qui ombragent les terrasses de tes épaules
et la pente suave de tes reins souples !
Le Vent ramassera mon cadavre léger,
pour le jeter dans les ornières mouvantes de la mer,
où tu vas chevauchant sur ton grand promontoire !

Mon cadavre ?… un de plus offert en holocauste !
Un chien de plus broyé par les pesants chariots
qui viendront apporter les baumes asiatiques,
dont se parfumera miraculeusement
ta chevelure…
quand demain, pour te plaire, le Soleil ton eunuque,
surgissant tout à coup de sa couche profonde,