Page:Marinetti - Poupées électriques, 1909.djvu/129

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MARY (D’une voix enfantine, et frissonnant toute.)

Petit John ! Petit John !… faut pas m’embrasser ainsi ! C’est mal !… Tu m’apprends de vilaines choses !… Tu me grises, tu m’affoles ! (Ils s’embrassent longuement. Une rafale s’engouffre par le balcon et agite la flamme des lampes. Ils se détachent l’un de l’autre et restent tous les deux pensifs et troublés. Puis Mary reprenant sa voix naturelle :) Qu’as-tu donc, John ?… si tu savais combien ton baiser m’a troublée !… Je suis restée toute chose, tant l’illusion a été complète !… Il me semblait absolument être la jeune fille d’alors !… Mais viens ici, John… Pourquoi restes-tu si loin de moi ?… Ton cœur est déjà parti ailleurs ? Tu me trahis déjà, avec tes vilaines pensées que je ne connais pas ?… Méchant !…

JOHN (rêveusement).

Non ! je ne te trahis pas… Mais je pense à ta petite âme sans défense, qui ne se donne