Page:Marinetti - Poupées électriques, 1909.djvu/190

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PAUL

Non, non !… Écoutez-moi !… Il faut bien que je vous dise toute cette vie déchirante, consumée loin de vous et si pleine de vous ! Ces journées de feu et d’ennui mortel… Quand une porte s’ouvrait, c’était vous qui entriez… Le froufrou d’une jupe, une voix, c’était vous, toujours !… La chaleur même de cet été torride prenait la forme de mon désir pesant, pour me suffoquer… Un désir fixe que j’emportais avec moi jalousement, la nuit, comme on ravit une maîtresse adorée à tous les regards, dans les ténèbres, fermant les volets, éteignant la lampe, pour que la lumière même ne puisse jouir de sa beauté !

MARY

Oh ! je ne suis pas belle !… C’est votre rêve qui m’embellit.

PAUL

Vous êtes belle ! Vous êtes belle ! Et je le sais