Page:Marinetti - Poupées électriques, 1909.djvu/193

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PAUL

Comment vous quitterais-je, puisque vous êtes en moi ?… Il me semble que je vous ai toujours portée dans mon cœur, comme une mère porte un enfant dans ses entrailles !… Oh ! ma pauvre tête !… J’avais bien d’autres choses à vous dire… tant de paroles tendres, ingénues, presqu’enfantines, choisies pour vous entre toutes les paroles, comme on choisit de beaux fruits… Et voilà que devant vous j’ai tout oublié !… tout !… tout !… Et j’ai peur de mourir sans vous avoir serrée sur mon cœur !… Et j’ai peur de vivre aussi, car la vie et demain pourraient être sans vous !… (Il effleure sournoisement d’une caresse voluptueuse les cheveux de Mary.)

MARY

Oh ! non !… Ne me touchez pas ! (Elle frissonne, les yeux remplis de larmes) C’est méchant… c’est méchant, d’abuser ainsi d’une femme