Page:Marinetti - Poupées électriques, 1909.djvu/21

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musées innombrables qui la couvrent d’innombrables cimetières.

Musées, cimetières !… Identiques vraiment dans leur sinistre coudoiement de corps qui ne se connaissent pas. Dortoirs publics où l’on dort à jamais côte à côte avec des êtres haïs ou inconnus. Férocité réciproque des peintres et des sculpteurs s’entretuant à coups de lignes et de couleurs dans le même musée.

Qu’on y fasse une visite chaque année comme on va voir ses morts une fois par an,… nous pouvons bien l’admettre!… Qu’on dépose même des fleurs une fois par an aux pieds de la Joconde. nous le concevons !… Mais que l’on aille promener quotidiennement dans les musées nos tristesses, nos courages fragiles et notre inquiétude, nous ne l’admettons pas !… Voulez-vous donc vous empoisonner ? Voulez-vous donc pourrir ?