Page:Marinetti - Poupées électriques, 1909.djvu/83

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JULIETTE (en fixant Mary).

Non, non, Mary ! Tout est vraiment perdu ! Il s’en va, et je sens… je sens que je ne le reverrai plus !… Et puis, tu ne peux pas tout savoir !… Songe donc qu’ils veulent absolument me faire épouser Monsieur Jacques Jolivet !… Tu comprends, n’est-ce pas ?… C’est absurde et c’est impossible !… Je ne l’aime pas ! Je ne pourrai jamais l’aimer ! Je le trouve odieux… ridicule !.. Et puis, qu’importe ? S’il était beau, ce serait la même chose ! Je n’aime que Paul ; je lui appartiens. Depuis deux mois, je suis à lui… (John qui s’est tenu à la distance de quelques mètres, en feignant de ne pas écouter, sursaute en entendant ces mots. — Puis Juliette ajoute avec lenteur, en baissant la tête) : Il faut, comprends-tu, pour obéir à ma mère, que je devienne la femme d’un autre… d’un inconnu !… Quelle horreur ! (Elle cache son visage entre ses mains).