Page:Marinetti - Poupées électriques, 1909.djvu/92

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Tu vois que je ne puis disposer de ma volonté… Il faut que j’obéisse, ce soir, et rien ne peut m’empêcher de partir… Dis-moi que ce n’est pas vrai, ce que tu viens de dire !… Tu ne dois pas, tu ne peux pas mourir !… Songe que ces paroles affreuses m’étrangleront d’épouvante et d’horreur durant mes longues nuits à bord, quand je n’aurai autour de moi que les ténèbres… une immensité de ténèbres !… Il y aura entre nous un chemin infini de solitude noire… Juliette !… Si tu pleures ainsi, je perds tout mon courage !…

JULIETTE (sanglotant).

Oh ! oui !… Je veux mourir, puisque c’est la seule façon d’être à toi !

PAUL

Petite folle ! je reviendrai, et je te rendrai heureuse… heureuse autant qu’on peut l’être sur la terre !… Ne pleure pas, car je me