Page:Marino - Les Vrais Plaisirs, 1748.djvu/33

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malheureux mortels.

Ce ruiſſeau ſe partage bientôt en deux. L’un de miel eſt rempli d’autant de douceur que le goût en peut déſirer. L’autre, quoique ſorti de la même ſource, n’eſt que de fiel. C’eſt dans ce dernier que l’on dit que Cupidon trempe la pointe de ſes traits : cet enfant ſi tendre & ſi cruel, qui fut aſſez dénaturé pour percer le ſein de ſa Mére, & faire couler dans ſon ſang le poiſon le plus ſubtil.

Le Ruiſſeau de miel ſuit ſon cours, ſans jamais mêler la douceur de ſes eaux aux ondes améres de ſon