Aller au contenu

Page:Marius-monnier---a-quatre-vingt-dix-mille-lieues-de-la-terre-1906.djvu/20

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

— À notre départ, lorsqu’il fallut franchir les couches d’air terrestre, ce fut une autre affaire ; en les traversant avec une si effroyable vitesse, l’enveloppe métallique de notre nacelle doit être brûlante, près de la température de fusion ; et si nous avons pu échapper, enfermés comme nous l’étions dans ce mur incandescent, ce fut grâce au froid intense de l’espace qui, à la troisième seconde, vint rafraîchir l’ardente paroi de notre appareil. J’avais prévu la chose, d’ailleurs.

Quelques minutes après, Agénor tirait le premier anneau du tableau des vitesses, puis, en partie, le second. L’hélice, à toute volée, se mit à tourner dans l’air raréfié du satellite. La chute doucement s’atténuait. On vit, par les hublots de l’ouest, passer à pleine vitesse les crêtes déchirées de Possidonius ensuite les flancs abrupts du cratère furent visibles un moment en longues raies fulgurantes. Enfin, avec une douceur infinie, le fond de la nacelle toucha le sol. L’hélice tourna plus lentement et, doucement aussi, s’arrêta en s’inclinant sur le sable.

D’une voix que l’émotion intense affaiblissait au point de la rendre à peine intelligible, le savant, tout pâle, murmura :

— Nous y sommes !…


CHAPITRE x

Premières sorties.

Dès que la nacelle se fut posée sur le sol de la Lune, Agénor décrocha de la paroi les appareils Desgrez-Balthazard et dit :


L’hélice se mit à tourner dans l’air raréfié du satellite. La chute doucement s’atténuait…