Page:Marius Grout - Le vent se lève.djvu/112

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Saint-Englebert reprend : « Oui, en effet, monsieur l’Abbé, Dieu ne nous demande que cela, mais nous ne le lui donnons même pas ! Croyez-vous que riche comme je suis… » Elle n’achève pas. Sa voix est toute vibrante. Je n’aurais pas pensé qu’elle cachât de si grandes ferveurs : rien, à l’église, qui transparaisse. Je la croyais d’une religion mondaine et morte. Je me suis très gravement trompé.

« C’est une belle vie, dit-elle encore, que la vôtre, monsieur l’Abbé ! » Dois-je comprendre qu elle eût désiré entrer dans les ordres ? Mais je demeure très circonspect. « Oui, Mademoiselle, c’est une belle vie ! » J’ai dû n’y mettre pas la chaleur suffisante, car elle reprend : « Plus belle que cela, monsieur l’Abbé, plus belle que cela ! » Nouveau silence, et puis soudain : « Monsieur l’Abbé, je vous demanderai d’être mon confesseur. Madame de Saint-Englebert et moi, nous en avons parlé ensemble. Je dirai même que c’est madame de Saint-Englebert qui me l’a proposé, et nous en avons parlé avec M.  le Curé lui-même, qui y consent… — Puisque M.  le Curé lui-même… » Je n’ai pas su ajouter un mot. Je bredouillais. Nous nous sommes quittés bizarrement : j’avais apporté une image de sainte Claire que je pensais offrir à mademoiselle de Saint-Englebert, je ne le fis pas, y songeant pourtant, et sachant que je devais le faire. Ce | n’est qu’après avoir entr’ouvert la porte du