Page:Marius Grout - Le vent se lève.djvu/130

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Nous étions dans le petit salon. Mademoiselle de Saint-Englebert, à qui j’avais parlé de François, m’avait dit son indifférence : « Il est gentil, il est sérieux, mais… Enfin, dites-lui bien, monsieur l’Abbé, qu’il ne se fasse pas d’illusions. » J’ai cru alors pouvoir parler à mademoiselle de Saint-Englebert des desseins que Dieu a sur elle. Elle m’a répondu ce que j’ai rapporté plus haut.

Comme je la quittais, madame de Saint-Englebert est apparue. Quelle dignité ! Quelle race, dirais-je plutôt. Elle se tenait droite dans l’embrasure, à la fois silencieuse et souriante. Nullement dédaigneuse. Non, c’est comme si elle fût venue d’un autre monde. J’ai admiré la simplicité avec laquelle mademoiselle de Saint-Englebert l’a entretenue de la démarche que je venais de faire, et j’ai compris tout d’un coup que c’est à madame de Saint-Englebert elle-même que j’aurais dû m’adresser. Elle n’en a point paru surprise. « Je vous remercie, monsieur l’Abbé, si les choses se passaient toujours ainsi, je veux dire dans une telle clarté, il y aurait moins de malheur pour nous. » Pour nous ? De qui donc voulait-elle parler ? de tous les hommes ? ou seulement d’elles deux ? M.  de Saint-Englebert est à présent lié, et d’une liaison infernale, avec la femme d’un pharmacien d’Etretat. Tout Fécamp en parle, et madame de Saint-Englebert, assurément n’ignore pas ces choses.