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Page:Marius Grout - Le vent se lève.djvu/133

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moiselle de Saint-Englebert. J’y ai trouvé des choses admirables. Celle-ci par exemple :

« Seuls les convalescents parlent des richesses de la maladie. Ou les proches qui ne le sont pas trop. Il y faut de la distance. De même sans doute, pour la mort : ce n’est que lorsque j’en serai convalescente que j’en parlerai bien. »

Et ceci (mademoiselle de Saint-Englebert lit régulièrement la Bible) :

« Ne vaut-il pas mieux pour nous retourner en Égypte (Nombres XIV/13). » — « La faute impardonnable, l’éternelle faute (celle aussi de la femme de Loth), ce lâche attachement au passé, au nid tout fait — même puant de fientes — et, pour tout dire, ce manque au vouloir vivre ! »

Quelle énergie dans la pensée et dans les mots ! Mademoiselle de Saint-Englebert est encore plus forte que je ne le croyais.

Et ceci encore :

« Il y a des créatures qui sont faites pour s’en aller vers la mort de leur pas à elles, et d’autres qui sont faites pour être saisies, comme volées et comme arrachées, et ni séduites ni vaincues. »

Elle voit clair. Elle voit même férocement clair :

« Assisté à l’office des Ténèbres. Très pure voix d’enfant. Mais l’ensemble gâté par la voix terrible d’un jeune vicaire au cou de taureau