Page:Marius Grout - Le vent se lève.djvu/135

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j’avais cueillie…), tulipes, œillets et premières roses, et puis les phlox et les fuchsias. Et les dahlias. Jusqu’à ce qu’enfin les chrysanthèmes…

« Et l’aubépine ! Tu n’as rien dit de l’aubépine ?… »

Je ne savais pas que les noms des choses pussent être si beaux, que chacun d’eux fût si riche de la chose elle-même…

Il est curieux que mademoiselle de Saint-Englebert, à l’ordinaire si rude et si virile, tellement peu femme — au mauvais sens du mot — puisse quelquefois s’attendrir un instant, sans appuyer, — avec quel tact et quelle mesure ! — sur d’humbles choses comme les fleurs. Je pense à saint François et à Claire d’Assise. Je pense que nous aussi, peut-être, et si les temps étaient tout autres… Mais les temps sont toujours tout autres. Il dépend de votre grâce, Seigneur, et de notre bonne volonté à tous deux que dans ce monde il y ait un autre François et une autre Claire.

Avais-je le droit d’écrire cela ? n’est-ce pas d’un monstrueux orgueil ? Mais n’appelons-nous pas aussi quelquefois notre faiblesse humilité ? et pour dire et redire que nous ne sommes que de pauvres créatures, ne manquons-nous pas aux desseins que Vous avez sur nous ?