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Page:Marius Grout - Le vent se lève.djvu/25

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Madame Mercier est venue hier. Avec sa fille. Une grande jeune fille assez belle ma foi, et qui est blonde. Nous avons convenu du prix et des jours. Je la prendrai deux fois par semaine, de six à sept, le mardi et le vendredi. Deux heures en moins de rêve et d’écritures. Mais Thérèse va être contente. Et peut-être ce Valéry, commenté je crois par Alain, que je convoite depuis longtemps, peut-être alors pourrai-je l’acheter.

J’ai peur, pourtant, du vendredi matin : mes réveils sont si douloureux, et mon regard sur la journée tellement lucide : « Allons, lève-toi ! et n’oublie pas que ce soir tu as une leçon ! » Je serai alors — n’en parlons plus ! — saturé de dégoût et de rancœur.

J’oubliais de noter ici que le Père Richardeau est venu. C’est un Dominicain du couvent d’à côté. Un de mes amis. Conversation assez banale. Jeanne l’aime beaucoup.

Mon élève s’appelle Madeleine. Madeleine Mercier.

Madeleine ! J’aurais tant aimé qu’une de mes filles s’appelât ainsi ! Mais Thérèse n’a jamais voulu.