Page:Marius Grout - Le vent se lève.djvu/28

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petite brune ? Alors sûrement je comprendrais. .. Mais non, je ne serais pas jalouse ! Qu’est-ce que tu veux, on peut changer ! — Mais toi, Thérèse, tu ne changeras pas ! » Je dis cela, tout convaincu, avec une inquiétude sérieuse et qui m’étonne un peu moi-même. « — Moi ? Comment pourrais-je te répondre ? Comment veux-tu que je sache maintenant ? Il suffirait… — Tout de même, Thérèse, il y a les enfants ! Il y a que nous sommes mariés ! Il y a que nous nous sommes engagés… — Oui, oui, dit-elle. Oui, mon ami, tu as raison… Et puis, tu sais, c’est seulement pour te taquiner ! Allons, embrasse-moi donc, grand fou, te voilà devenu tout soucieux !… »

N’est-ce point là la seule vraie Thérèse ?

Pourtant… (Il y a encore un pourtant) pourtant, n’est-ce là qu’une taquinerie ? Je crois Thérèse quand elle me dit qu’elle me verrait, sans jalousie, en aimer une autre. Et là, il faut que je complète ! « Aimer, dit-elle, cela ne voudrait pas dire que tu n’aurais pas, pour moi, la même tendresse ! mais il y a des femmes plus belles, plus attirantes ! Un homme est faible ! Je comprendrais… » Oui, alors, je la crois sincère, et, par cet aspect détaché, bien différente de beaucoup de femmes. (Mais — j’ai encore un doute là-dessus — si elle m’aimait passionnément, serait-elle aussi généreuse ?) Ah ! comme tout cela est mêlé ! La liberté que tu me donnes, Thérèse, est-ce que tu me la