Page:Marius Grout - Le vent se lève.djvu/34

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plaigne au Principal ! Cette singulière odeur, quand j’entre dans ma classe… Ils se bouchent le nez : « M’sieu, est-ce qu’il faut ouvrir les fenêtres ? » Et ce sont des rires étouffés, puis, tout d’un coup, un grand éclat, un éclat immense. « — Eh bien ! messieurs, quand vous voudrez… » Ils ne veulent pas. L’ennui, alors, c’est que Viard, dix fois plus chahuté que moi, comme j’ai dit, trouve le moyen d’entr’ouvrir la porte — nos classes communiquent — et de me dire, d’un ton très sec : « Je vous en prie, tenez-les un peu ! J’ai besoin, moi, de travailler ! »

« Vous êtes trop bon ! me dit madame Poret. Et ils abusent. Il faudrait vous montrer un peu. »

On écrira, si je deviens quelqu’un (oh ! dans l’avenir, bien sûr, dans cinquante ou cent ans !) on écrira : « Marcel Rousseau fut, toute sa vie, un obscur professeur. Monsieur le Principal du collège de Fécamp atteste, dans ses rapports, qu’il fut très consciencieux, qu’il eut les palmes à trente-cinq ans, qu’au demeurant, peut-être, il était un peu mou, et que ses élèves n’avaient pas pour lui le plus grand respect. On frémit à la pensée qu’un si grand poète ait pu être martyrisé — cet âge est sans pitié ! — par une bande de méchants garnements. Nulle trace, pourtant, d’amertume dans son œuvre.