Page:Marius Grout - Le vent se lève.djvu/44

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Mais si, Thérèse, je voudrais bien ! Mais ce n’est pas à moi à te le dire.’Cela devrait venir de toi. Une femme, vois-tu (Si j’étais femme !…) devrait toujours être nouvelle. Je m’exprime mal : nouvelle, et, pourtant, toujours même.’Comment te dire ? Toutes les promesses qui dormaient en toi, quand je t’ai connue, il faudrait que, l’une après l’autre, elles fussent tenues. Il faudrait que la vie à deux ce fût le lent développement, le fleurissement, de ce qu’annonçaient les fiançailles.

Madeleine Mercier, serez-vous un peu plus fidèle, oui, vous au moins, à celui qui viendra ?

J’aimerais bien savoir pourquoi ma pipe gargouille. Je la nettoie. Je ne salive pas. Alors ? Est-ce que c’est la condensation ? Louveau, le vieux répétiteur qui fume la pipe — nous avons pris ensemble un café avant-hier — la fume dans un silence parfait, par petites bouffées régulières. Stupide, sans doute, de noter ça, mais ça m’agace. Je me dis : « C’est encore bien toi, cette pipe que tu ne sais pas fumer ! Est-ce que jamais, ce que tout le monde sait, ce que tout le monde pratique si facilement — on dirait qu’ils ont ça en eux, depuis toujours ! — est-ce que jamais tout ça sera à toi ! Dire que tu ne sais pas même marcher, pas même t’asseoir ! Tu imites toujours quel-