Page:Marius Grout - Le vent se lève.djvu/55

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debout sur l’estrade, tout rouge, les bras ballants, dans un silence que je savais terrible. Que je savais, car je ne le sentais pas : j’étais comme devenu insensible, j’avais comme dépassé un seuil. J’avais comme regagné, déjà, une région d’étrange liberté. Et je pensais : « Les choses arrivent, exactement comme tu les avais prévues, il y a un an, à cette inspection réussie — tu te rappelles ? — Tu t’étais dit, à un moment d’hésitation : « Hein ! si tu en restais là ? si ce silence, déjà inquiet, tu le creusais volontairement, un tout petit peu plus, un peu encore, jusqu’à ce que tu ne puisses plus remonter ? … Tu vois la tête du Principal ! Tu vois la tête de l’inspecteur !… » Et que ces choses fussent survenues, j’en étais ravi intimement. Tout était bien, parfaitement bien. Tout était dans l’ordre.

Faire son destin ? Oui, il y a de la joie à faire son destin, mais de quoi ne se prive-t-on pas ! Les choses, mon Dieu, sont tellement riches ! Pourquoi ne pas les laisser venir ? Est-ce que cela — je parle de l’inspection manquée — est-ce que cela n’a pas été plus beau, dix fois plus beau, qu’une plate inspection réussie ? « — Eh bien ! toutes mes félicitations, mon cher professeur ! Je vous demanderai seulement de parler un tout petit peu moins vite. Et un peu plus fort. Oui, un peu plus fort ! Oh ! ce sont