Page:Marius Grout - Le vent se lève.djvu/76

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Comme je poussais, dans l’angle du petit salon, le fauteuil que j avais occupé, je vis dans la glace et sans le vouloir, que Monsieur le Curé se reversait un petit verre de calvados.

Affreusement tiraillé, à la messe du matin, par mon estomac. Plusieurs fois j’ai cru m’évanouir. Je suis pourtant solide et j’ai, ou crois avoir une vieille habitude de la faim, mais le régime du séminaire a dû m’affaiblir. Ma mère affirme que j’ai maigri et me dit de « faire attention ». Faire attention, cela veut dire : manger un peu plus, beaucoup plus peut-être. Je le ferais plus volontiers si ce n’était pas Monsieur le Curé qui m’y invitât.

Minuit moins cinq. Je reviens de chez M. de Saint-Englebert. Visite mensuelle à laquelle j’ai dû me plier pour ne pas déplaire à Monsieur le Curé. J’eusse préféré, bien qu’il fasse assez froid ici, continuer dans la solitude la lecture de mon Saint-Thomas. Tant que je n’aurai pas ma paroisse, il me faudra consentir à cette dépendance. C’est dur. Je ronge mon frein. J’ai un énorme besoin de commander et de diriger. J’ai presque envie de me battre. Il me semble que l’Église manque de vertu, je