Page:Marius Grout - Le vent se lève.djvu/86

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nom honorable pour cette honteuse maladie — « l’objection de conscience ».’Car c’est donner dans l’objection de conscience que de servir comme infirmier. De deux choses l’une : ou l’on consent à la goerre, ou l’on n’y consent pas. Si l’on y consent, je ne conçois pas que ce soit à demi : il faut en accepter les charges, toutes les charges, et un serviteur de Dieu plus que tous autres. Si l’on n’y consent pas, alors on n’y participe en aucune mesure, et c’est la résistance tolstoïenne et l’emprisonnement, avec au bout, le conseil de guerre et le poteau. J’ai peur que ceux qui n acceptent pas la mort pour les autres ne l’acceptent pas, d’abord, pour eux-mêmes.

Pour moi, mon plein consentement à la guerre est obéissance aux commandements. « Tu aimeras ton prochain comme toi-même. » Il se fait une singulière confusion sur le mot « prochain » : au lieu d’y voir ce que le mot indique et qui est à portée de nous, on l’élargit jusqu’à contenir toute l’humanité. Il est vrai qu’il est beaucoup plus commode d’aimer l’Angleterre, l’Italie, ou les peuples noirs que… mettons, par exemple, mademoiselle de Saint-Englebert. Et l’on ne voit pas encore que nous ne savons que le prochain, que tout le reste nous échappe. Et l’on oublie — comment oublier ça ? — que la religion chrétienne prend appui, en ce monde, sur certaines institutions, et que l’écroulement de telle ou telle forme