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Page:Marius Grout - Le vent se lève.djvu/88

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sur vous… On vous observe… Vous ne le croyez pas ? — Mais, Monsieur le Curé, mais si… mais le Bon Dieu… — Nous ne sommes pas encore au Paradis, mon cher enfant, nous sommes dans le monde, et parmi de très faibles hommes… » Tout cela à propos d’un incident que je veux relater ici.

Dans la même rue que celle du presbytère habite un tout jeune professeur qui enseigne l’histoire au collège et qui a donné il y a huit jours, à l’Université populaire, — ce ramassis de francs-maçons — une conférence « . fort écoutée », dit l’Echo de Fécamp, sur « Une institution très catholique : la Sainte-Inquisition. » Je croise ce monsieur tous les jours. Il va au collège quand je rentre de la messe. J’avais cru remarquer, je le fixais droit dans les yeux, que ce monsieur qui, avant de me rencontrer, tenait rigoureusement sa droite, obliquait un peu vers la gauche de façon à m’obliger, moi, à serrer de plus près le trottoir. Avant-hier, ce manège fut si visible, que soudainement et sans clairement l’avoir voulu, non seulement je me maintins au milieu de la rue, mais encore, qu’arrivé près de lui, j’appuyai à gauche et le heurtai durement du coude. J’étais heureux. Je pensai : enfin un combat, enfin un homme, enfin un malfaiteur avec qui pouvoir se colleter ! Je me rappelai les mots du Christ : « Race de vipères, sépulcres blanchis… » et la sainte colère qui le fit chasser les