Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 1.djvu/126

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Et que, si votre père obéit aujourd’hui,
Ce maître ordonnera de vous comme de lui ;
Qu’on verra quelque jour sa politique injuste
Disposer de la main d’une princesse auguste,
L’accorder quelquefois, la refuser après,
Au gré de son caprice ou de ses intérêts,
Et d’un lâche allié trop payer le service,
En lui livrant enfin la main de Laodice.

LAODICE

Seigneur, quand Annibal arriva dans ces lieux,
Mon père le reçut comme un présent, des dieux,
Et sans doute il connut quel était l’avantage
De pouvoir acquérir des droits sur son courage,
De se l’approprier en se liant à vous,
En vous donnant enfin le nom de mon époux.
Sans la guerre, il aurait conclu notre hyménée ;
Mais il n’est pas moins sûr, et j’y suis destinée.
Qu’Annibal juge donc, sur les desseins du roi,
Si jamais les Romains disposeront de moi ;
Si jamais leur Sénat peut à présent s’attendre
Que de son fier pouvoir le roi veuille dépendre.
Mais je vous laisse. Il vient. Vous pourrez avec lui
Juger si vous aurez besoin de mon appui.



Scène III

PRUSIAS, ANNIBAL, AMILCAR


PRUSIAS

Enfin, Flaminius va bientôt nous instruire
Des motifs importants qui peuvent le conduire.