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Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 1.djvu/130

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PRUSIAS

Seigneur, n’en parlons plus.
J’avais cru faire un pas d’une moindre importance :
Mais pendant qu’en ces lieux l’ambassadeur s’avance,
Souffrez que je vous quitte, et qu’au moins aujourd’hui
Des soins moins éclatants m’excusent envers lui.



Scène IV

ANNIBAL, AMILCAR


AMILCAR

Seigneur, nous sommes seuls : oserais-je vous dire
Ce que le ciel peut-être en ce moment m’inspire ?
Je connais peu le roi ; mais sa timidité
Semble vous présager quelque infidélité.
Non qu’à présent son cœur manque pour vous de zèle ;
Sans doute il a dessein de vous être fidèle :
Mais un prince à qui Rome imprime du respect,
De peu de fermeté doit vous être suspect.
Ces timides égards vous annoncent un homme
Assez faible, Seigneur, pour vous livrer à Rome.
Qui sait si l’envoyé qu’on attend aujourd’hui
Ne vient pas, de sa part, vous demander à lui ?
Pendant que de ces lieux la retraite est facile,
M’en croirez-vous ? fuyez un dangereux asile ;
Et sans attendre ici…

ANNIBAL

Nomme-moi des États
Plus sûrs pour Annibal que ceux de Prusias.
Enseigne-moi des rois qui ne soient point timides ;