Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 1.djvu/197

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JUGEMENT
SUR LA COMÉDIE
DU DÉNOUEMENT IMPRÉVU.

Voici Marivaux sur son terrain ; il s’est fait justice : son premier hommage a été pour Melpomène ; mais , rebuté du peu de succès qu’il a obtenu à sa cour, il s’est tourné vers sa sœur ; désormais fidèle à Thalie, il en obtiendra plus d’une fois de brillantes faveurs. Le Dénouement imprévu doit être considéré comme son compliment d’introduction. On y remarquera plus d’une fois le ton embarrassé d’un courtisan qui se défie de l’accueil qu’il va recevoir ; cette timidité ne messied point à un débutant ; mais on y reconnaîtra en même temps les premiers traits d’un esprit fin , malicieux et observateur, et , malgré quelques expressions un peu vives , des grâces décentes et naturelles, une intrigue nouée agréablement et un dénouement qui tourne, il est vrai , un peu court , mais qui , quoique imprévu, est cependant préparé avec assez d’adresse pour ne pas blesser les lois de la vraisemblance.

Ce dénouement s’opère par une de ces surprises inattendues de l’amour sur lesquelles vont rouler, comme sur un pivot , presque toutes les comédies suivantes de notre auteur : l’amant favorisé à la fin de la pièce est celui contre lequel paraissaient armées toutes les préventions ; c’é-