Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 1.djvu/215

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à mouches ; cela ne rapporte rien. Ce n’est pas comme à Paris, où il faut tous les matins recommencer son visage, et le travailler sur nouveaux frais. C’est un embarras que tout cela ; et on ne l’a pas à la campagne : il n’y a là que de bons gros cœurs, qui sont francs, sans façon, et de bon appétit. La manière les prendre est très aisée ; une face large, massive, en fait l’affaire ; et en moins d’un an vous aurez toutes ces mignardises convenables.

MADEMOISELLE ARGANTE

Voilà de fort jolies mignardises !

LISETTE

J’oubliais le meilleur. Vous aurez parfois des galants houbereaux qui viendront vous rendre hommage, qui boiront du vin pur à votre santé ; mais avec des contorsions !… Vous irez vous promener avec eux, la petite canne à la main, le manteau troussé de peur des crottes : ils vous aideront à sauter le fossé, vous diront que vous êtes adroite, remplie de charmes et d’esprit, avec tout plein d’équivoques spirituelles, qui brocheront sur le tout. Qu’en dites-vous ? Prenez votre parti, sinon je recommence, et je vous nomme tous les animaux de votre ferme, jusqu’à votre mari.