Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 1.djvu/237

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

ÉRASTE

Qu’appelles-tu des rats ?

MAÎTRE PIERRE

C’est que la fille de cians a eu l’avisement de devenir ratière : alle a mis par exprès son esprit sens dessus dessous, sens devant darrière, à celle fin, quand il la varra, qu’il s’en retorne avec son sac et ses quilles.

ÉRASTE

C’est-à-dire qu’elle feindra d’être folle ?

MAÎTRE PIERRE

Velà cen que c’est : et si, maugré la folie, il la prend pour femme, n’y aura pus de rats ; mais ce qu’an mettra en lieu et place, les vaura bian.

ÉRASTE

Sans difficulté.

MAÎTRE PIERRE

Stapendant la fille est sage ; mais quand on a bouté son amiquié ailleurs, et qu’en a un mari en avarsion, sage tant qu’ou vourez, il faut que sagesse dégarpisse ; et pis après, toute voute médecine ne garira pas Monsieur Éraste du mal qui li sera fait, le paure niais ! Mais adieu ; veci voute ratière qui viant ; ça va bian vous divartir.