Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 1.djvu/242

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ÉRASTE

Au milieu de mon bonheur il me reste une inquiétude.

MADEMOISELLE ARGANTE

Dites ce que c’est, et vous ne l’aurez plus.

ÉRASTE

Vous vous gardiez, dit-on, pour un autre que moi.

MADEMOISELLE ARGANTE

Vous demeurez à la campagne, et je ne l’aimais pas avant que je vous eusse connu ; il y a quatre ans que je connais Dorante ; l’habitude de le voir me l’avait rendu plus supportable que les autres hommes ; il me convenait, il aspirait à m’épouser, et dans tout ce que j’ai fait, je me gardais moins à lui, que je ne me sauvais du malheur imaginaire d’être à vous : voilà tout, êtes-vous content ?

ÉRASTE

, à genoux.

Je vous adore ; et puisque vous haïssez la campagne, je ne saurais plus la souffrir.


Scène XII

MONSIEUR ARGANTE, MADEMOISELLE ARGANTE, ÉRASTE, MAÎTRE PIERRE


MONSIEUR ARGANTE

, à maître Pierre.

Oh, oh ! ils sont, ce me semble, d’assez bonne intelligence.

MAÎTRE PIERRE

Qu’est-ce que c’est donc que tout ça ? Ils se disont des douceurs.