Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 1.djvu/333

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d’outils pour votre visage qui était sur la vôtre ?

BLAISE

Des outils pour son visage ! Est-ce que sa mère ne li avait pas baillé un visage tout fait ?

SPINETTE

Bon ! est-ce que le visage d’une coquette est jamais fini ? Tous les jours on y travaille : il faut concerter les mines, ajuster les œillades. N’est-il pas vrai qu’à votre miroir, un jour, un regard doux vous a coûté plus de trois heures à attraper ? Encore n’en attrapâtes-vous que la moitié de ce que vous en vouliez ; car, quoique ce fût un regard doux, il s’agissait aussi d’y mêler quelque chose de fier : il fallait qu’un quart de fierté y tempérât trois quarts de douceur ; cela n’est pas aisé. Tantôt le fier prenait trop sur le doux : tantôt le doux étouffait le fier. On n’a pas la balance à la main ; je vous voyais faire, et je