Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 1.djvu/527

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MINERVE

, à Cupidon.

Laissez-le donc dire.

CUPIDON

Je ne parle pas. Je ne fais qu’apostiller son exorde.

L’AMOUR

Ah ! c’en est trop. Votre audace m’irrite, et me fait sortir de la modération que je voulais garder. Qui êtes-vous, pour oser me disputer quelque chose ? Vous, qui n’avez pour attribut que le vice, digne héritage d’une origine aussi impure que la vôtre ? Divinité scandaleuse, dont le culte est un crime, à qui la seule corruption des hommes a dressé des autels ? Vous, à qui les devoirs les plus sacrés servent de victimes ? Vous, qu’on ne peut honorer qu’en immolant la vertu ? Funeste auteur des plus honteuses flétrissures des hommes, qui, pour récompense à ceux qui vous suivent, ne leur laissez que le déshonneur, le repentir et la misère en partage : osez-vous vous comparer à moi, au dieu de la plus noble, de la plus estimable, de la plus tendre des passions et j’ose dire, de la plus féconde en héros ?

CUPIDON

Bon, des héros ! Nous voilà bien riches ! Est-ce que vous croyez que la terre ne se passera pas bien de ces messieurs-là ? Allez, ils sont plus curieux à voir que