Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 1.djvu/88

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Et dans l’étonnement qu’un tel départ me donne,
J’entrevois que peut-être ici quelque jaloux
Pourrait, en ce moment, vous éloigner de nous.
Vous ne répondez rien, avouez-moi la chose ;
D’un changement si grand apprenez-moi la cause.
J’y suis intéressé ; car si des envieux
Vous avaient fait, Monsieur, des rapports odieux,
Je ne vous retiens pas, mais daignez m’en instruire.
Il faut vous détromper.

LE FINANCIER

Que pourrais-je vous dire ?

DÉMOCRITE

Non, non, il n’est plus temps de vouloir le celer.
Je vois trop ce que c’est, et vous pouvez parler.

LE FINANCIER

N’avez-vous pas chez vous un valet que l’on nomme Crispin ?

DÉMOCRITE

Moi ? de ce nom je ne connais personne.

LE FINANCIER

Le fourbe ! il m’a trompé.

DÉMOCRITE

Hé bien donc ? ce Crispin ?

LE FINANCIER

Il s’est dit de chez vous.

DÉMOCRITE

Il ment, c’est un coquin.

LE FINANCIER

Un mal affreux, dit-il, attaquait votre fille.
Il en a dit autant de toute la famille.