Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 2.djvu/154

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MARTON

Eh oui, la raison : mais c’est que parmi les jeunes gens du bel air, il n’y a rien de si bourgeois que d’être raisonnable.

HORTENSE

Peut-être, aussi, ne suis-je pas de son goût.

MARTON

Je ne suis pas de ce sentiment-là, ni vous non plus ; non, tel que vous le voyez il vous aime ; ne l’ai-je pas fait rougir hier, moi, parce que je le surpris comme il vous regardait à la dérobée attentivement ? voilà déjà deux ou trois fois que je le prends sur le fait.

HORTENSE

Je voudrais être bien sûre de ce que tu me dis là.

MARTON

Oh ! je m’y connais : cet homme-là vous aime, vous dis-je, et il n’a garde de s’en vanter, parce que vous n’allez être que sa femme ; mais je soutiens qu’il étouffe ce qu’il sent, et que son air de petit-maître n’est qu’une gasconnade avec vous.

HORTENSE

Eh bien, je t’avouerai que cette pensée m’est venue comme à toi.