Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 2.djvu/209

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DORIMÈNE

Marquis, faites parler ce faquin-là.

ROSIMOND

Parleras-tu, maraud ?

FRONTIN

J’enrage ; mais n’importe. Eh bien, Monsieur, ce que j’ai à vous dire, c’est que Madame ici nous portera malheur à tous deux.

DORIMÈNE

Le sot !

ROSIMOND

Comment ?

FRONTIN

Oui, Monsieur, si vous ne changez pas de façon, nous ne tenons plus rien. Pendant que Madame vous amuse, Dorante nous égorge.

ROSIMOND

Que fait-il donc ?

FRONTIN

L’amour, Monsieur, l’amour, à votre belle Hortense !

DORIMÈNE

Votre belle : voilà une épithète bien placée !

FRONTIN

Je défie qu’on la place mieux ; si vous entendiez là-bas comme il se démène, comme les déclarations vont dru, comme il entasse les soupirs, j’en ai déjà compté plus de trente de la dernière conséquence, sans parler des génuflexions, des exclamations : Madame, par-ci, Madame, par-là ! Ah, les beaux yeux ! ah ! les belles mains ! Et ces mains-là, Monsieur, il ne les marchande pas, il en attrape toujours quelqu’une, qu’