Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 2.djvu/250

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MARTON

Avec tout ce qui peut rendre un homme aimable, vous n’avez rien oublié pour vous empêcher de l’être. Souvenez-vous des discours de tantôt : j’en étais dans une fureur…

FRONTIN

Oui, elle m’a dit que vous l’aviez scandalisée ; car elle est notre amie.

MARTON

C’est un malentendu qui nous sépare ; et puis, concluons quelque chose, un mariage arrêté, convenable, dont je faisais cas : voilà de votre style ; et avec qui ? Avec la plus charmante et la plus raisonnable fille du monde, et je dirai même, la plus disposée d’abord à vous vouloir du bien.

ROSIMOND

Ah ! Marton, n’en dis pas davantage. J’ouvre les yeux ; je me déteste, et il n’est plus temps !

MARTON

Je ne dis pas cela, Monsieur le Marquis, votre état me touche, et peut-être touchera-t-il ma maîtresse.

FRONTIN

Cette belle dame a l’air si clément !

MARTON

Me promettez-vous de rester comme vous êtes ? Continuerez-vous d’être aussi aimable que vous l’êtes actuellement ? En est-ce fait ? N’y a-t-il plus de petit-maître ?

ROSIMOND

Je suis confus de l’avoir été, Marton.